Je veux lâcher-prise !
Combien de fois ai-je entendu cet objectif en début d’accompagnement !
Et vous combien de fois vous l’êtes-vous dit ?
Comment pourrait-il en être autrement ?
Votre médecin, votre conjoint, votre mère, votre voisine, votre cousine, vos magazines, … vous le répètent à l’envie : Les femmes en désir d’enfant, en PMA, devraient lâcher-prise !
Dans la vie professionnelle, les médias, la littérature de développement personnel il n’est question que de lâcher-prise . . .
Et moi, au risque de vous surprendre, je dis : Non, une femme en désir d’enfant, en PMA, ça ne lâche pas prise !
Le vouloir c’est se bercer d’illusion. Le conseiller c’est au mieux naïf, au pire contre-productif.
Pourquoi invoquer le lâcher-prise est une illusion ?
Je vous propose une petite expérience simple :
Ajustez votre position pour être confortable, fermez vos yeux un instant, et répétez intérieurement une dizaine de fois le mot lâcher-prise comme un mantra : lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, lâcher-prise, . . .
et observez : quelles sont vos sensations corporelles ? comment sont vos muscles ? vos fessiers ? votre dos ? votre gorge ? votre mâchoire ? vos dents ? la peau de votre front ? . . . un peu tendus, serrés, courbé, nouée, collée, pressées, plissée peut-être ?
Vous sentez plutôt du relâchement ? C’est possible !
Mais il y a fort à parier qu’avant ce relâchement, il y ait eu des formes de contraction . . .
Essayez et observez encore.
Vous la sentez cette prise qui précède le lâcher ?
Et oui, les mots ont un sens !
Et dans lâcher-prise, il y a lâcher et il y a surtout prise, tension, maîtrise, contrôle, mobilisation de toutes nos ressources pour tenir . . .
Répéter comme un mantra que vous voulez lâcher prise, c’est convoquer systématiquement la tension et le contrôle !
Pas convaincu-e ?
Visionnons ensemble quelques situations :
L’alpiniste, agrippé à la paroi rocheuse, lâche-t-il sa prise sans être certain de pouvoir prendre appui sur une autre ?
Le pêcheur qui vient de faire une belle prise, relâche-t-il la tension sans avoir sorti de l’eau son poisson ?
Le judoka en pleine prise, se permet-il de se relâcher tant qu’il n’est pas certain de l’issue du combat ?
Ce qui est vrai pour les sportifs l’est aussi pour qui désire très fort un enfant et devenir parent.
Personne ne lâche prise s’il ne se sent pas en sécurité ou n’a pas atteint son but !
Le terme lâcher-prise est à la mode, symptomatique d’une société du contrôle ! Et il est mal choisi ! Il n’empêche que votre médecin, votre conjoint, votre mère, votre voisine, votre cousine, vos magazines, . . ., en vous le proposant encore et encore, essaient avec bienveillance, c’est certain, de vous dire quelque chose ! Mais quoi ?
L’enjeu du laisser-être et du bien-être pour vivre son parcours PMA
Sans doute font-ils le présupposé que l’excès de stress aurait comme un effet contraceptif.
Si l’incidence des hormones du stress sur la qualité et la quantité spermatique, sur la qualité ovulatoire et celle de l’environnement utérin, reste toujours discutée et disputée par les scientifiques, la majorité de ceux qui sont en désir un enfant, vivent un parcours de PMA, comme beaucoup de ceux qui les accompagnent, porte cette croyance que se sentir bien augmente les chances de réussite.
Quoi qu’il en soit, bien vivre ce temps de la pré-conception et de la conception, c’est nourrir positivement la pré-histoire de l’enfant à naître, une étape qui pourra avoir une incidence sur le vécu de la grossesse, de la naissance et le tissage des relations parent-enfant.
Enfin, prendre soin de soi maintenant, de son vécu émotionnel, psychique, relationnel, est essentiel pour notre présent comme pour notre avenir de femme, d’homme, avec ou sans enfant.
Donc oui, il est important de d’induire quand c’est possible des états de ressource, de bien-être. Pour cela j’invite souvent au « laisser-être ».
Quelle différence avec le lâcher-prise me direz-vous ?
Je vous laisse expérimenter :
Ajustez votre position pour être confortable, fermez vos yeux un instant, et répétez intérieurement une dizaine de fois le mot laisser-être comme un mantra : laisser-être, laisser-être, laisser-être, laisser-être, laisser-être, laisser-être, laisser-être, laisser-être, . . .
et juste observez : quelles sont vos sensations corporelles ? En quoi c’est subtilement différent de l’expérience précédente ?
L’intention profonde est la même, le message envoyé à votre inconscient et à votre corps est juste différent :
être avec ce qui est,
plutôt que lutter contre
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